Dans les ruelles du village, certains enfants étaient déjà sortis, afin de se montrer leur déguisement et de s'amuser à se faire peur. Une fois que la nuit serait tombée, ils iraient sonner aux portes des maisons, à la recherche de bonbons. Néanmoins, il y a une maison à laquelle ils ne pourraient jamais sonner. Une maison, qui en plus d'abriter une famille de sorciers, était protégée par un très puissant sortilège, qui empêchait toute intrusion, si ce n'est de personnes qui y étaient autorisées. Sur le coup de 5h, à l'heure du thé, un sorcier à la longue barbe et chevelure, au chapeau pointu et aux lunettes en demi-lune, apparut de nulle part juste devant le portail de la maison, et alla frapper à la porte de celle-ci, dans laquelle se trouvait un jeune couple de sorciers et leur bébé âgé d'un an à peine. Ce sorcier serait le dernier invité à venir rendre visite au couple de jeunes parents avant la tombée de la nuit.
« Toc toc »
- Qui est-ce ? demanda alors une voix d'homme derrière la porte.
- C'est moi, Albus, dit le vieux sorcier sur le seuil de celle-ci.
La porte s'ouvrit et un homme bien portant aux cheveux quelque peu en épis et aux lunettes rondes sur le nez se trouvait dans son encadrement.
- Entrez, dit alors le jeune père au sorcier, d'une voix assez basse.
Le vieux mage entra vite à l'intérieur de la maison et le père ferma vite la porte derrière lui. Une jeune femme à la longue chevelure châtain rejoignit alors son mari dans l'entrée.
- Je suis venu m'assurer que tout se déroule pour le mieux. Les autres membres de l'Ordre ont bien sûr été prévenus et j'ai désormais pu obtenir d'un de mes fidèles contacts au ministère qu'un ou deux Aurors soient placés à l'entrée du village.
- Parfait, répondit le père de famille.
- Tout va bien de votre côté ? demanda le vieux sorcier.
- Très bien, répondit la mère. Harry a pu faire sa sieste, et là il est en train de jouer avec son nouveau balai pour bébé. Tout se passe comme si de rien était pour lui. Il ne semble pas perturbé le moins du monde.
- Où le Gardien a-t-il été envoyé ? Se trouve-t-il dans un lieu sûr ?
- Heu... oui, répondit le père, hésitant, regardant sa femme. Il y a eu un petit changement concernant le Gardien. Nous avons pensé, Lily et moi, que ce serait plus sûr de le confier à quelqu'un d'autre plutôt qu'à la personne que nous avions initialement choisie.
- C'est surtout toi qui a voulu changer, lui rétorqua sa femme. Je trouvais la première personne parfaitement adéquate pour nous assurer cette protection.
- Nous avons décidé ensemble, lui dit ce dernier en lui posant les mains sur ses épaules, un air quelque peu gêné face au vieux sorcier. Ne relançons pas le débat maintenant qu'Albus est là ; la décision a de toute façon été prise et nous ne pouvons plus revenir en arrière.
- Tout ce qui compte, leur dit alors le sorcier, c'est de savoir si la personne que vous avez finalement choisie est digne de confiance. Peux-tu m'assurer devant moi qu'elle l'est, James ?
- Elle l'est, monsieur, répondit James, catégorique. Aucun doute à avoir là-dessus.
- Dans ce cas, tout va bien, répondit le vieux sorcier prénommé Albus, d'un air réjoui. Allons donc prendre un thé !
- Mais bien sûr, entrez, lui répondit James, le laissant passer en compagnie de sa femme Lily pour qu'il aille s'asseoir au salon.
Tandis que tout le monde entrait dans celui-ci, décoré pour l'occasion, le vieil homme à la longue robe découvrit dans la pièce un petit garçon assis par terre qui semblait s'amuser avec une petite balle volante ailée en essayant de l'attraper.
- Oh ! s'exclama James. Harry a encore réussi à retrouver mon Vif d'or. Quand je te dis qu'il finira Attrapeur comme son père quand il sera grand !
James attrapa la petite balle au vol tandis que le bébé nommé Harry essayait de l'attraper après qu'elle se soit envolée au-dessus de lui. Cela ne fut pas du goût de ce dernier qui se mit à pleurer tandis qu'il voyait son père ranger la balle dans sa poche...
- Et c'est reparti... soupira James.
Lily prit alors son bébé dans ses bras et s'assit dans un fauteuil, le posant sur ses genoux.
- Chhht, fit Lily, ce qui calma tout de suite le petit Harry. Tu te rappelles de Dumbledore, mon chéri ? lui murmura-t-elle d'une voix douce dans l'oreille en lui montrant le vieux sorcier en face de lui.
- Comment vas-tu, Harry ? demanda celui-ci. Tu as encore bien grandi depuis la dernière fois que je t'ai vu !
Harry regardait le vieux mage d'un air curieux, laissant ses larmes sécher sur ses petites joues. Il ne semblait encore jamais avoir vu un monsieur aussi vieux, de plus habillé avec un accoutrement aussi étrange.
Il prit alors l'initiative de quitter les genoux de sa mère pour aller voir le sorcier de plus près. Se déplaçant à quatre pattes, il arriva aux chevilles de Dumbledore, qui s'était assis, et alors qu'il tentait de se lever en s'agrippant à la longue robe argentée du magicien, ce dernier se pencha vers lui pour lui poser une main sur son petit crâne porteur de quelques cheveux, et dont le front était encore vierge, aussi lisse que le revêtement ciré d'une baguette. Lui passant ensuite la main sous son petit menton, il dit alors :
- Mais oui, c'est bien ce que j'avais pensé : tu ressembles déjà à ton père.
- Ah ça, pour me ressembler, il me ressemble ! répondit James sur un ton de fierté, revenant avec une Bièraubeurre à la main, ainsi qu'un plateau dans une autre sur lequel se trouvait deux tasses de thé, qu'il déposa sur la table du salon, entre sa femme et le directeur de Poudlard.
- Sauf les yeux, poursuivit Dumbledore en examinant Harry en levant la tête afin de voir au-travers de ses lunettes en demi-lune. Il me semble que ses yeux soient plus du côté de sa mère.
Observant la scène, Lily se mit à sourire devant l'observation mutuelle à laquelle s'adonnaient le vieux mage et son propre fils. Presque debout à présent, Harry s'agrippa soudain à la longue barbe du vieux sorcier.
- Ouille ! fit alors celui-ci.
- Harry ! s'exclama Lily en allant vite récupérer son jeune fils.
- Ce n'est rien, ce n'est rien, répondit Dumbledore en remettant sa barbe en place. Ma vieille barbe en a vu d'autres ! ajouta-t-il en rigolant.
- Le sacré petit chenapan, fit James, qui s'était également assis, observant Lily qui replaçait son fils sur ses genoux. Sinon, quelles sont les nouvelles à Poudlard, Dumbledore ?
- Oh, rien de spécial, répondit celui-ci. Comme chaque année, j'ai bien l'impression que le nouveau professeur de Défense ne va pas rester à son poste plus d'un an, mais à part cela, rien qui ne sorte de l'ordinaire...
- Comment va ce cher Hagrid ?
- Bien. Il vous souhaite le bonjour. Il se fait bien sûr du mouron pour vous trois mais je lui ai répété plusieurs fois déjà qu'il n'avait pas à s'en faire, la situation ayant été planifiée et mise au point depuis le moment où nous avons pris connaissance de la prophétie l'été dernier.
- Et Miss Trelawney, que devient-elle ?
- Je lui avais promis un poste au début de l'année, et j'ai tenu ma promesse. Sybille est désormais professeur de divination. Je ne suis pas sûr que cette nouvelle discipline soit d'une grande utilité mais une promesse est ce qu'elle est.
- Bien sûr, répondit James.
Tandis qu'ils discutaient, Lily avait de nouveau laissé Harry s'en aller à quatre pattes afin qu'il puisse aller jouer avec ses nombreux jouets magiques de l'autre côté de la pièce.
- Comme vous le savez, le ministère commence enfin à prendre des mesures significatives contre les partisans de Lord Voldemort. Sous l'impulsion de Barty Croupton, de nombreuses mesures ont été prises afin d'attraper désormais morts ou vifs les Mangemorts. Barty semble à présent être le dernier rempart à empêcher Voldemort de gagner encore plus en pouvoir... Avec nous, bien entendu. Malheureusement, ces mesures pâtissent d'une sécurité exagérément renforcée rendant difficiles les déplacements pour notre communauté par le biais des transports magiques, et parfois de quelques erreurs de jugements. De nombreuses sorcières et sorciers subissent, comme vous le savez, le sortilège de l'Imperium, ce qui rend parfois difficile, voire hasardeux certains jugements. De l'autre côté, certains sorciers, comme Lucius Malefoy, que je soupçonne depuis un moment déjà, jouent de leur influence et du rang de leur famille de sorciers pour conserver une place de choix au sein du ministère, haranguant faire tout pour soutenir leur combat contre Voldemort, mais influençant parfois discrètement leurs décisions, certaines se trouvant être pour le moins douteuses. Face à cela, il semble très difficile de démêler le vrai du faux. Ce qui est sûr, c'est que sans l'Ordre, le ministère aurait aujourd'hui encore davantage de difficultés à combattre notre ennemi... si nous n'avions pas été là.
C'est alors que le petit Harry fit son retour dans la pièce. C'est en tout cas ce que tout le monde en déduisit, l'entendant gazouiller à l'entrée de celle-ci. Les trois protagonistes se tournèrent alors vers lui, mais, surpris, ne virent personne ! Pourtant, il y avait bien un bébé qui approchait d'eux en bredouillant des « areux » et autres sons qu'on ne pouvait appeler des mots (ou du moins issus d'un vocabulaire encore très peu développé).
- Tiens, mais où est-il ? fit James.
- Harry ? appela Lily.
- Oh non ! s'écria James après s'être levé. Comment a-t-il pu la retrouver ?
S'approchant de l'endroit où émanaient les sons, il se pencha et tendit délicatement la main, à la recherche de l'être qui produisait ces bredouillements infantiles.
Comme par magie, Harry apparut alors après que James lui ait ôté une sorte de cape qui l'avait complètement caché aux yeux de ses parents ainsi qu'à ceux de Dumbledore.
- Je croyais l'avoir bien rangée, pourtant, dit James en observant la cape entre ses mains.
- Où avez-vous trouvé ça ? demanda soudain Dumbledore, comme chamboulé par ce qu'il venait de voir.
- De quoi, ça ? fit James, pas plus surpris que ça. Oh, ça, c'est une vieille cape que je conserve depuis longtemps maintenant...
- Comment est-ce possible ? dit alors Albus en se levant de son fauteuil, interloqué par la cape.
S'approchant de James, il prit alors dans ses mains la cape d'invisibilité que celui-ci lui tendit.
- Depuis combien de temps l'as-tu ? demanda-t-il, toujours aussi surpris.
- Je l'ai depuis un moment. Mon père lui-même me l'a donnée avant de mourir il y a quelques années.
- Cela me semble incroyable... Pourrais-je te l'emprunter pour la nuit ?
- Oui, bien sûr, répondit James, surpris qu'on puisse trouver un intérêt à une aussi vieille cape.
- Je crois que je n'ai jamais eu auparavant un objet doté d'une telle matière devant les yeux. Cette cape me semble unique en son genre...
- Si vous le dîtes, répondit James, d'un ton ironique.
- Je te l'emprunte cette nuit et je te la rapportes dès que je l'aurai examiner, lui dit Dumbledore en se dirigeant à présent vers l'entrée.
- Pas de problème.
- Tenez-moi au courant si jamais vous avez besoin que je vous rende un service, leur dit-il en se hâtant de sortir de la maison, décidément fasciné par l'objet qu'il avait entre ses mains.
- Vous ne restez pas plus longtemps, Albus ? Vous n'avez même pas bu votre thé...
- Non, c'est très gentil à toi, Lily. Merci James, de me laisser cette cape, dit alors Dumbledore, à présent sur le seuil de la porte. Elle pourrait répondre à beaucoup de questions que je me posais jusqu'ici.
- Mais je vous en pris, lui répondit James. Bon retour à Poudlard !
Dumbledore commença alors à s'en aller, la cape toujours entre les mains, mais soudain il fit demi-tour et déclara :
- Ah oui, au fait ! J'avais une dernière chose à vous annoncer.
Un bruit de verre brisé retentit à cet instant dans le salon, à l'intérieur de la maison.
- Attendez, dit James. J'ai l'impression qu'Harry a encore fait une bêtise...
- Tu veux que j'y aille ? demanda Lily.
- Non, reste, lui répondit James. J'y vais.
Tandis que James accourait à l'intérieur de la maison, allant voir ce que Harry avait bien pu casser, Dumbledore se rapprocha de Lily, et lui dit, à voix basse :
- En fait, cela tombe bien : cette annonce était plus destinée à toi, Lily.
- Qu'est-ce que c'est ? demanda celle-ci.
- Une assez bonne nouvelle, en vérité.
Le vieux mage ridé sourit et lui dit :
- Severus Rogue a rejoint nos rangs.
Lily sembla alors surprise :
- Severus ?... Comment ça ?
- Tu as fréquenté Severus quand tu étais encore à Poudlard, je me trompe ?
- C'est que... nous nous connaissions avant d'entrer à l'école, oui. C'était un de mes voisins... Quand nous étions enfants. Mais ça fait un moment que je ne le fréquente plus... Il est tout de même devenu Mangemort ! Comment aurait-il pu changer de camp, comme ça?
- Une raison qui lui est toute personnelle, et qui peut parfois faire de n'importe quelle personne un être extraordinaire, dit Dumbledore tout en posant une main sur l'épaule de Lily.
- Je ne comprends pas, répondit celle-ci.
- Tout ce que je peux te dire, c'est que Rogue s'est engagé à travailler pour moi depuis peu, et sera très bientôt agent-double pour le compte de l'Ordre.
- Je... Je ne sais pas quoi dire, fit alors Lily, après un silence.
- En tout cas, je crois que ça lui aurait fait plaisir que tu le saches.
Après un dernier sourire, Dumbledore s'en alla enfin, regagnant le portillon, avant de disparaître dans la rue à présent éclairée alors que la nuit venait de tomber.
James, de retour après s'être occupé d'Harry, eut juste le temps de voir la silhouette de Dumbledore transplaner avec sa cape d'invisibilité.
- Ce n'était rien, dit-il à sa femme. Harry a juste cassé un vieux vase que t'avait un jour offert ta s½ur.
- Oh, rien d'important, répondit Lily précipitamment, reprenant contenance. Un partisan de Tu-Sais-Qui qui aurait rejoint nos rangs, apparemment.
- Ah, tiens, pour une fois que c'est dans ce sens... C'est pas plus mal, tu me diras !
- Espérons juste que Dumbledore ne se trompe pas en lui faisant confiance...
- C'est sûr qu'en ce moment, on ne peut faire confiance qu'à ses amis. Regarde Patmol, Lunard. Queudver... Avec eux, au moins, on sait sur qui compter !
- Oui... répondit Lily, regardant la pleine lune qui se dessinait au-dessus de la colline, de l'autre côté du village. Les amis, répéta-t-elle en soupirant. Si seulement... dit-elle enfin tandis qu'un petit sourire se dessinait sur son visage, un sourire destiné à une personne qui ne le verrait sans doute jamais.
- Lily, appela James à l'intérieur de la maison. Qu'est-ce que je fais du vieux vase de ta s½ur ? Je le répare tout de suite ou tu veux qu'on s'en débarrasse ?
- Débarrasse-t-en, lui répondit alors cette dernière en faisant volte-face, entrant de nouveau dans la maison. Je ne crois pas que Pétunia m'en tiendra rigueur, maintenant qu'on ne se voit plus...
La porte se referma une dernière fois sur son passage. Elle n'attendrait plus que quelques heures, plus tard dans la soirée, tandis que l'ombre menaçante d'un grand et terrifiant mage noir viendrait de nouveau à l'ouvrir d'un coup de baguette magique...