Voici comme promis la deuxième partie de ma fan-fiction consacrée à ce fameux chien...
=> 1ère partie à lire ici <=
Une semaine avait passé, et mon filleul et moi nous étions ratés de peu. J'avais échoué à la première partie de ma mission : à savoir le retrouver, le rencontrer et lui dire qui j'étais. Qui j'étais réellement. Pour lui comme pour moi. À ce moment, quittant son domicile familial pour je ne sais quelle raison, il ne savait peut-être pas quel sort le monde des sorciers m'avait réservé. Il m'aurait rencontré innocent. Ce ne serait peut-être plus le cas à présent. Étant monté dans le Magicobus pour rejoindre un quelconque endroit du monde de la magie (sans doute le Chaudron baveur ou le Chemin de Traverse), il aurait sans doute appris de sorciers peu avisés que son dangereux parrain était à sa recherche pour le tuer... Maintenant que le Seigneur des Ténèbres n'était plus là, je me demandais quelles sornettes pourrait-on bien lui raconter.
Une chose était en tout cas sûre. Sans le rat, ce dernier n'aurait aucune chance de revenir. La plupart des Mangemorts avaient été arrêtés ou étaient morts. Le rat était sa dernière chance de retour. Sa seule et unique chance. Une raison de plus pour le tuer.
Et à présent, je savais où le trouver. Un matin, alors que je m'éveillais dans ma cellule, j'avais découvert sa face de rat sur une photo dans un article de La Gazette du Sorcier que j'avais pu récupérer lors de la venue du ministre de la Magie, qui procédait à l'inspection annuelle de la prison, et que j'avais lu afin de m'informer un peu (et d'occuper mon esprit, par la même occasion). La « queue de ver » avait réussi à se faire adopter pendant douze ans par une vieille famille de sorciers, que je connaissais un peu de réputation comme étant peu fortunée et disposant d'un « attrait plus que poussé » pour les Moldus (c'était en tout cas ce que j'avais pu entendre dans ma famille lorsque j'étais plus jeune). Devenue famille nombreuse d'après ce que j'avais pu constater, le père de famille Weasley, un modeste employé du ministère de la Magie, avait réussi à emmener celle-ci en vacances en Egypte après avoir gagné un voyage par le biais d'un des nombreux concours de loterie proposé par le journal. C'est là que, dans les mains d'un de ses enfants, un petit roux aux nombreuses tâches de rousseur (comme le reste de la famille), je découvrais alors le rat, un minuscule doigt en moins à sa patte gauche.
Arrivé à Londres deux jours après ma rencontre avec Harry, je savais où je devrais me rendre quelques jours plus tard. En attendant, il fallait que je me réfugie quelque part où je serais en sécurité. Pendant un moment, j'avais hésité à retourner dans la maison de mes parents. Ces derniers, que j'exécrais par-dessus tout en compagnie du reste de ma famille quand j'étais jeune, étaient tous les deux morts. J'avais appris il y a quelques années dans ma cellule que mon abominable mère était morte emportée par une maladie. Restée cloîtrée chez elle en compagnie de notre vieil elfe de maison qui la servait, elle n'avait sans aucun doute jamais daigné sortir de chez elle, y compris afin d'être hospitalisée à Ste Mangouste quand son état s'était aggravé, trop confiante dans les soins que lui prodiguait ce petit bougre de Kreattur. À tel point qu'elle s'était laissée mourir dans son lit, tel un débris. Je soupçonnais aussi qu'elle se soit laissée noyer dans son chagrin, après la mort de mon père et la disparition de mon frère Regulus, qu'elle estimait par-dessus tout (moi en premier), ainsi que la chute du Seigneur des Ténèbres qui s'était ensuivi de mon emprisonnement. Après mure réflexion, je décidai finalement de ne pas y retourner. Cette maison du squard Grimmaurd évoquait en moi trop de mauvais souvenirs. De plus, cette vermine de Kreattur (que je soupçonnais d'être encore en vie malgré son âge avancé) aurait été capable d'aller me dénoncer auprès d'autres sorciers en leur faisant part de ma présence dans la maison. Je ne pouvais donc prendre le risque d'y retourner. Mais ce jour viendrait certainement... J'étais à présent le propriétaire légitime de cette maison, et je serais contraint d'y retourner un jour ou l'autre, une fois qu'on m'aurait innocenté...
J'étais donc resté à l'écart de cette maison, ainsi que de tout endroit un tant soit peu relié au monde de la magie. Me confondant parmi les Moldus dans une ville dont je connaissais les nombreux recoins, je fis en sorte de survivre comme je le pouvais (les refuges ne m'inspiraient guère, finalement), allant trouver de quoi manger, plongeant ma truffe dans les poubelles aux arrières des grands restaurants. Néanmoins, la fin de l'été approchait, et il faudrait que je gagne bientôt un endroit réputé pour être un point de liaison important du monde magique pour les sorciers de mon pays. Un endroit où bon nombre de familles se retrouvent chaque année pour dire au revoir à leurs enfants, partant à bord d'un célèbre train à vapeur du même type que ceux dont les Moldus se servaient il y a plusieurs décennies maintenant. Me rapprochant de cette fameuse gare à la veille de la fin des vacances scolaires, je savais bien sûr que le lendemain était le jour de la rentrée. Le premier jour de septembre, un bon millier de jeunes sorciers quitteraient ainsi leur foyer pour se rendre dans un immense château que je connaissais bien, dans le nord du pays. Pour cela, ils rejoindraient la voie 9 ¾, à la gare King's Cross. Harry se trouverait là, c'est certain. Le rat, et le jeune Weasley qui l'accompagnerait (devant également avoir l'âge de mon filleul), seraient là aussi.
Arrivé tôt devant la gare (environ trois bonnes heures avant le départ du train), j'essayai de passer la barrière qui séparait les quais moldus de celui du Poudlard Express. La gare était déjà bondée à cette heure, mais je passais inaperçu parmi les nombreux Moldus déjà présents. Aucune famille de sorciers n'était encore arrivée, et c'était le moment idéal pour tenter un passage. Je me demandai alors si un Animagus métamorphosé pourrait le franchir. Je tentai le tout pour le tout. Me précipitant contre le mur de briques séparant les voies 9 et 10, je vidai mon esprit le temps d'un instant. Aucun choc ne survint. J'étais passé. Restant un moment derrière le mur, je glissai ma tête de côté afin de voir ce qui s'y trouvait. La locomotive noire et rouge était bien là, fulminant déjà. Le quai était vide, mais le conducteur astiquait celle-ci soigneusement. Derrière, une bonne demi-douzaine de wagons la suivait. Décidément, le train n'avait pas changé. Il était toujours aussi magique que la première et la dernière fois que je l'avais vu. J'aurais aimé redevenir un élève, le temps d'un jour. Ou d'une semaine. Reprendre ce train magnifique. Effectuer de nouveau une rentrée à Poudlard, en compagnie des autres élèves. Assister de nouveau à des cours, à l'école. Arpenter de nouveau le château. Mais James n'était plus là. Mon meilleur ami, celui avec qui j'avais fait les quatre cents coups au collège, serait absent. De même que Remus. Et le rat. Mais lui ne serait pas une grosse perte. Lui, en fait, n'aurait jamais dû exister. Ce n'était qu'un parasite, qui nous avait suivis durant toute notre scolarité. Avant de nous poignarder dans le dos, quelques années plus tard.
J'oubliais également un détail. Rogue était maître des potions à présent. Ce petit alchimiste avait réussi à se dégoter un poste auprès de Dumbledore, qui l'avait innocenté, apparemment. Comment savoir si cette chauve-souris n'était pas toujours dans le mauvais camp ?
Mon seul ami encore en vie était Remus. Je me demandais ce qu'il avait dû bien devenir, après tout ce temps. Il avait dû se sentir meurtri, le jour où il avait appris que ses trois plus fidèles amis avaient soit été tués, soit envoyé en prison. Mais il ne savait pas le pire. Comme tout le monde, il n'avait jamais entendu ma version lorsqu'on m'a envoyé à Azkaban. Celle qui insinuait que le rat était coupable, et qu'il s'était fait disparaître en se faisant couper un doigt. Non, comme tous les sorciers, il a cru ce que le ministère a cru bon de lui raconter, à savoir que c'était moi qui avait fait exploser Peter après avoir vendu James et Lily à Voldemort.
Je m'étais caché non loin du train, derrière un mur un peu plus loin. Cela faisait quelques temps maintenant que je me trouvais là, et certains élèves ou familles de sorciers accompagnant leurs enfants commençaient à arriver.
C'est alors que je le vis. Un sorcier un peu plus grand que les autres, venait d'arriver. Trois griffures, qui étaient en fait de fines cicatrices, lui parcouraient le visage. Portant sur lui une robe d'occasion, une vieille valise à la main, il n'était pas sous son plus beau jour. Pourtant, c'était bien lui.
Remus, mon vieil ami, qui nous avait donné tant de fil à retordre avec James, se dirigeait vers le contrôleur, tenant un billet dans son autre main. Le compostant, il entra ensuite dans un wagon, comme si de rien était.
Suscitant en moi une intense curiosité, j'entrepris de m'approcher du train. Mais d'autres familles arrivaient. Je devais rester prudent, bien qu'ici, les Détraqueurs ne risquaient pas de me débusquer.
Il ne fallut pas longtemps pour que je le voie réapparaître. Harry, mon filleul, le fils de James et Lily, venait de passer la barrière, poussant un chariot dans lequel se trouvaient une valise et une cage dans laquelle dormait une magnifique chouette des neiges. Mais ce ne fut pas tellement ça qui attira mon attention. Apparemment, Harry s'était fait des amis en arrivant à Poudlard. Ce n'était pas surprenant. Il était actuellement le seul sorcier connu ayant survécu au Sortilège de la Mort. Pire, il avait réussi à débarrasser le monde des sorciers d'un des plus dangereux et puissants mages que celui-ci ait connu. Du moins pour un long moment. Seulement, je n'aurais pas pensé que l'un des amis qui l'accompagnerait à chaque rentrée durant toute sa scolarité serait le jeune Weasley que je recherchais depuis mon départ de la prison d'Azkaban, propriétaire du plus affreux des rats que j'aie jamais connu. Cette vision me traversa le corps et l'esprit tel un effroi. Peter se trouvait à un ou deux mètres seulement de mon filleul, du fils orphelin des deux amis qu'il avait trahis, et dont il avait provoqué la mort. Je compris alors que, même le Seigneur des Ténèbres et ses partisans absents, Harry ne pouvait être en sécurité. Pour le moment.
Je devais agir. Restant discret, je ne pus m'empêcher de grogner, montrant les crocs. Même à plusieurs mètres de distance, le rat dans sa cage, sur le chariot du jeune Weasley, tourna la tête en un éclair, et me vit. Il m'avait reconnu. Sa réaction fut aussi vivace que n'importe lequel des rongeurs : effrayé, il se retourna dans sa cage et commença à ronger le verrou de cette dernière jusqu'à ce que la porte s'ouvre. Un instant plus tard, il s'échappait de sa prison dorée, sans même qu'Harry ni son jeune maître, ainsi qu'une jeune sorcière de leur âge qui les accompagnait (portant avec elle un chat orangé qui le fixait également du regard un instant auparavant) et le reste de la famille présente autour d'eux, s'en aperçoivent. Le rat décampa, s'enfuyant de terreur. Sans hésiter, je me ruai sur lui. L'occasion était trop bonne. Passant entre les colonnes de murs de briques, je poursuivis le rat qui avait gâché ma vie avec une hargne que je n'avais jamais à ce point ressenti. Tout le monde avait cru que j'avais tué Peter. Finalement, me disais-je avec une certaine et sombre ironie, je finirais par le tuer. Ainsi, une des allégations qui avaient été portées contre moi serait au moins devenue véridique.
Le devançant d'un côté de mur tandis que lui passait de l'autre côté, je m'apprêtai à l'attraper par les crocs, commençant à ouvrir ma gueule. Quand, arrivé de l'autre côté, je ne le trouvai plus. Il avait disparu. Je me mis à renifler partout. Un peu plus loin, le quai 9 ¾, à côté du train, commençait à s'agiter. Celui-ci, commençant à fulminer de plus belle, ne devrait plus tarder à partir. Les futurs et anciens élèves de Poudlard avaient pratiquement tous gagné leur compartiment. Ça y est, j'avais récupéré sa trace. Je le sentais. Il se redirigeait vers le train, le plus discrètement possible. Il ne sentait plus ma présence. Tel un félin, je m'approchai très discrètement de ma proie : le rat.
Je n'étais plus qu'à une dizaine de mètres de lui. Son heure allait sonner. Son châtiment allait arriver. Sa misérable vie ne serait plus que bouillie.
C'est alors que, passant une dernière fois la tête pour le débusquer là où il se trouvait, je découvris la matrone de la grande famille de roux, mère du jeune Weasley, récupérant le rat qu'elle avait à l'évidence aperçu qui s'enfuyait, avant de partir à sa recherche sur tout le quai.
- Où étais-tu passé, Croûtard ? Vite, le train ne va pas tarder à s'en aller !
Et elle se précipita vers le train qui laissait échapper ses premières volutes de fumée, allant rendre le rongeur à son jeune propriétaire. Onze heures sonnaient, et ma cible mouvante s'était envolée.
=> 3ème partie à lire ici <=