=> 6e partie à lire ici <=
L'hiver arrivait à grands pas et il me serait à présent très difficile de retenter ma chance pour débusquer Peter. Traumatisée par notre rencontre brutale, la Grosse Dame avait été remplacée de son antre menant à la salle commune de Gryffondor. Le Chevalier du Catogan, un pittoresque personnage qui s'amusait habituellement à aller importuner les autres portraits, particulièrement ceux occupés par la gente féminine qu'il s'évertuait à charmer de manière désuète, l'avait provisoirement remplacée à son poste, pendant que la Grosse Dame, en convalescence après son épreuve, était allée prendre ses quartiers dans l'antre de son amie Violette, occupant un portrait avoisinant.
Quant à moi, il m'était apparu plus prudent d'aller m'installer dans la Forêt interdite suite à ce fiasco. Les mesures de sécurité avaient bien sûr été renforcées dans le château dès le soir d'Halloween où le portrait de la Grosse Dame avait été retrouvé déchiré, et j'avais pu me faufiler jusqu'au parc avant que son entrée principale ne soit verrouillée.
Dans la forêt, je trouvai un endroit tranquille où m'installer. Celle-ci grouillait de petits animaux, que je fus contraint de chasser de temps à autre afin de remplir comme je pouvais mon estomac. La forêt, dont les feuillages étaient très denses, et le fait que j'aie repris mon apparence de chien, me camouflaient des Détraqueurs, qui surveillaient les contours du château ainsi que le parc de jour comme de nuit. Je restais néanmoins proche de sa lisière, qui donnait sur le parc en question où se trouvait la cabane de Hagrid. Je n'avais en effet pas envie de tomber sur des créatures magiques trop dangereuses dans la Forêt... Pour autant, même s'il ne s'agissait pas d'un centaure ou d'une acromentule (ces affreuses araignées géantes qu'Hagrid avait toujours eu en affection), une créature était bien présente dans le potager du garde-chasse, au milieu des citrouilles. Il s'agissait d'un magnifique hippogriffe, couché et attaché fermement par une chaîne entourant son cou plumé.
Parfois, il m'était arrivé de voir Harry et ses amis descendre le parc afin d'aller rendre visite à Rubeus. Mon filleul et ses deux amis (le garçon roux propriétaire de Peter et la fille au chat persan) semblaient bien s'entendre avec lui. Par ailleurs, Hagrid devait avoir récupérer le poste de professeur de soins aux créatures magiques, car il arrivait que des groupes d'élèves le rejoignent à sa cabane pour qu'il leur fasse découvrir des créatures.
Peu avant les vacances de Noël, je pus même assister à une séance auquel participaient mon filleul et ses camarades. La chance était avec moi ce jour-là, car Hagrid avait demandé à ses élèves d'amener avec eux leur animal de compagnie. Harry avait amené sa chouette des neiges, tandis que ses deux amis avaient amené Peter et le chat orange avec eux. Je remarquai que le chat semblait toujours à l'affût du moindre mouvement de Peter, attendant sans doute le moment où celui-ci aurait quitté les mains de son maître pour se jeter sur lui. Le jeune Weasley, quant à lui, essayait de rester le plus loin possible de la jeune fille et de son chat, tenant son rat fermement dans ses mains.
Au bout d'un moment, celle-ci, qui tenait également son animal dans ses bras, le posa à terre afin qu'il retrouve sa liberté, pendant qu'Hagrid s'adressait aux élèves en leur présentant des Niffleurs. Je saisis une nouvelle fois l'occasion pour l'approcher. Me cachant dans les feuillages d'un buisson proche, j'attendis qu'il soit suffisamment proche pour qu'il remarque ma présence. Entendant un bruit provenant de là où je me trouvais, il fixa le buisson du regard en s'approchant lentement. C'est alors que je sortis du buisson, et lui fis signe de me suivre en le regardant, avant de m'éloigner un peu plus du groupe d'élèves où se trouvait sa maîtresse. D'abord méfiant, le félin regarda derrière lui, puis finit par me suivre, sa curiosité prenant finalement le dessus.
Après être arrivé à ma hauteur, je tentai de communiquer avec lui. Lui montrant le groupe d'élèves au loin d'un signe de tête, et plus particulièrement l'endroit où se trouvait le jeune Weasley et son rat, je fis tout mon possible pour lui faire comprendre que j'essayais moi aussi de mettre la patte sur lui. Me regardant faire des cabrioles alors que je lui expliquais la situation, le chat m'observait bizarrement. Néanmoins, au bout d'un moment, je sentis dans son regard qu'il commençait à comprendre ce que je recherchais. Dans un langage que je parvins à décoder malgré moi, il me fit alors comprendre que depuis qu'il l'avait rencontré, il s'était toujours méfié de ce rat, ne le croyant pas authentique. Il avait en fait détecté qu'il ne s'agissait pas d'un vrai animal, mais bien d'autre chose qui se faisait passer pour lui. De par ses sens très développés, ce chat avait en quelque sorte deviné que ce rat était un Animagus, autrement dit un homme qui avait pris l'apparence d'un animal.
Je lui fis alors remarquer que j'en étais un moi-même. D'un miaulement, il eut l'air de me faire comprendre qu'il s'en était douté, ayant trouvé mon comportement trop étrange pour ainsi l'aborder. Je lui fis enfin comprendre que j'avais besoin de lui, afin qu'il m'aide à retrouver ce rat.
Une fois notre collaboration amorcée, étant enfin parvenu à rallier ce chat à ma cause, nous fîmes en sorte de nous retrouver dans le parc chaque fois qu'il le pouvait pour me donner des informations sur la « queue de ver » et sur le château, afin de savoir quel endroit serait le plus approprié pour m'y introduire de nouveau sans me faire repérer.
Avec l'arrivée des premières chutes de neige, cependant, ces rencontres se feraient plus rares que je ne l'aurais espéré. Nous ne nous vîmes qu'une seule fois pendant les vacances de Noël. Harry et ses amis étaient en effet retournés à Pré-au-Lard, et j'en profitai pour retourner au château, ce qui me permit de retrouver le chat qui ne se risquerait de toute façon pas à se geler les coussinets pour venir me retrouver dans le parc.
Il m'expliqua alors qu'il avait déjà maintes fois tenté de s'emparer du rat, mais que cela avait tendance à accentuer les tensions entre le propriétaire de celui-ci (c'est-à-dire le jeune Weasley) et sa maîtresse. Par ailleurs, le fait qu'il s'acharne ainsi sur Peter rendait celui-ci de plus en plus craintif, au point de se cacher dans le dortoir des garçons où dormaient mon filleul et son ami et de ne plus jamais le quitter. Je l'encourageai alors à tenter de nouveau sa chance, et s'il n'y parvenait pas, je lui demandai de m'apporter quelque chose qui me permettrait d'accéder directement au dortoir afin d'aller le chercher moi-même.
Après les vacances, alors que la neige commençait à fondre et que le printemps approchait, c'est ainsi que je le retrouvai m'apportant une liste de mots de passe. Il avait de nouveau tenté de porter la patte sur Peter, mais malheureusement, le rat lui avait une nouvelle fois échappé. En plus de cela, on l'accusait à présent de l'avoir dévoré, Peter s'étant volatilisé après la course-poursuite dans le dortoir. Le jeune Weasley avait en effet découvert des traces de sang ainsi que quelques uns de ses poils sur son lit. Cela se confirma lorsque je surpris mon filleul et ses deux amis se chamaillant de vive voix à ce sujet alors qu'ils descendaient le flanc du parc, allant visiblement rendre visite à Hagrid.
Je décidai de passer à l'action le soir-même. J'avais à présent à disposition une liste des mots de passe me permettant d'accéder à la salle commune de Gryffondor (je me demandais d'ailleurs quel avait pu être l'imprudent qui l'avait laissé ainsi à disposition) et il fallait que j'agisse au plus vite avant que ce rat ne prenne une initiative. Il n'avait de toute façon pas dû aller bien loin. Peut-être était-il même caché sous un meuble ou un lit à baldaquin. Peut-être avait-il même retrouvé les bras de son maître, là où il se trouvait finalement le plus en sécurité.
Après déjà plusieurs mois à errer autour du château, il fallait de toute façon que j'atteigne enfin le but pour lequel je m'étais évadé d'Azkaban. Ma rédemption en dépendait. Et ma soif de vengeance aussi...
La nuit venue, je m'introduisis donc de nouveau dans le château. Entrant par ses arrières, passant par la tour de l'horloge, je remontai les grands escaliers mouvants jusqu'au portrait de la Grosse Dame, où j'y retrouvai le fameux Chevalier du Catogan, faisant le beau sur son ridicule poney gris.
Ayant repris mon apparence normale (ou du moins humaine, n'étant plus celle que j'arborais le plus depuis plusieurs mois), je me tins devant lui et sortis la liste de mots de passe de la semaine que m'avait donné le chat.
- Que voulez-vous, maraud ?! me demanda le chevalier de son ton orgueilleux, tout en se dandinant sur son poney, son épée à la main.
Un à un, je lui récitai alors l'ensemble des mots de passe écrits à l'encre sur le morceau de parchemin que j'avais en main.
- Eh bien, vile guenille, je n'en attendais pas tant ! Entrez donc, que je ne vois plus votre accoutrement piteux !
Faisant en sorte de ne pas prendre en compte ses remarques, je rentrai sans plus attendre dans la salle commune. Faisant le moins de bruit possible, je montai discrètement le petit escalier en colimaçon menant aux dortoirs, au fond de la salle. Ouvrant la première porte que je trouvais sur ma droite, je me faufilai à l'intérieur le plus discrètement possible, et sortis de son antre le couteau que j'avais toujours en ma possession.
Ouvrant légèrement les rideaux de chacun des lits à baldaquin, je glissai ma tête à l'intérieur afin de voir qui s'y trouvait. Au bout d'un moment, je tombai sur Harry, qui semblait dormir profondément. Après l'avoir observé un instant, le plus près que j'avais pu jusqu'à présent, je poursuivis ma recherche.
Le lit suivant était le bon. À l'intérieur, l'ami de mon filleul, le jeune Weasley, semblait lui aussi dormir paisiblement. M'introduisant à l'intérieur du lit à baldaquin, mon couteau dans la main droite, je me positionnai au-dessus de lui. Tandis que je commençai à remonter sa couverture le plus délicatement possible, afin de découvrir si le rat que je recherchais depuis tout ce temps se trouvait à l'intérieur, le jeune Weasley ouvrit soudain les yeux et se redressa brusquement dans ses draps, le regard rempli de terreur.
- AAAAAAAAAAAAAAARRRRRRRRRRRRRRGGGGGGGGGGGGGHHHHHHHHHH !!!! NOOOOOOOOOOOOOOOOOONNNNNNNNNN !!!
Sautant du lit, aussi apeuré que lui, je me redirigeai précipitamment vers la sortie, claquant la porte du dortoir derrière moi. Tandis que l'alerte était une nouvelle fois donné, je courus le plus vite possible en reprenant mon apparence de chien, afin de retourner dans la Forêt.
Cette intrusion était de nouveau un échec. Ce chat avait bien raison.
Peter avait bel et bien disparu.
8e et dernière partie à paraître la semaine prochaine !...